Deux interviews qui en disent un peu plus long sur le personnage
Thomas Fersen : « J’écoute mon désir »jeudi 12 mai 2011
Photo Bertrand Béchard
Un nouvel album en poche, Thomas Fersen joue vendredi 13 au Zénith. Entretien.
Presse-Océan : Une chanson sur Dracula, Barbe bleu… vous aimez les personnages effrayants ?Thomas Fersen : « Le fait d’écrire sur des personnages effrayants et d’inventer leur histoire, c’est quelque chose qui me tient en éveil et je me sens très vivant à ce moment-là. C’est ma façon d’être au paradis, c’est mon paradis à moi. Mon univers est mouvant, il est fait de désirs, de sensualité, de sensibilité. Quand je commence à écrire, j’écoute mon désir justement, mon envie. Mon univers n’est pas froid du tout, c’est au contraire très chaud. »
Vous aviez lu « Dracula » dans votre enfance ?« Je l’ai lu au moment où j’ai eu envie d’écrire cette chanson. Au départ, Dracula, c’est l’histoire de mon petit violon. Il va sortir de sa boîte. J’ai fini par raconter l’histoire du violoniste qui va évoquer Dracula. J’aime bien ce côté vieille civilisation, ce vieil aristocrate qui vit seul avec ses livres, dans son château et puis finalement est un vieux romantique. »
Vous vous identifiez à ce vieil aristo ?« Ah, ah, c’est un fantasme, mais vous avez raison, dans chaque Français il y a le vieux rêve du château, cette vieille nostalgie. »
Mais vous n’aimez pas la solitude ?« Non, pas du tout, j’ai des moments solitaires mais ce n’est pas la même chose. »
Vous aimez faire des clins d’œil aux angoisses enfantines ?« Je pense qu’elles sont terrées en nous. Quand on devient adulte leur degré d’épouvante peut être moindre et, justement, cela en devient amusant.
Ces angoisses font fonctionner l’imagination, un craquement dans la charpente, une porte qui grince. »
Vos frayeurs c’était quoi quand vous étiez enfant ?« J’avais peur du noir quand j’étais enfant, je me déplaçai à tâtons.
J’avais aussi peur des rideaux, il y a toujours un assassin derrière un rideau Les rideaux maintenant m’amusent. Et je m’amuse à mettre des chaussures qui dépassent du rideau (!) Pour mes enfants… »
Quel est votre processus de création ?« Mes chansons partent d’une forme, des rimes, d’une ambiance. Par exemple, le prénom de femmes, c’est très évocateur. Vous voyez déjà une bouche, un corps, des vêtements, un parfum. »
Une de vos chansons parle du squelette la foire du trône, vous y allez parfois ?« J’y suis allé une seule fois dans ma vie, j’avais treize, quatorze ans. Je voulais voir la femme la plus grosse du monde. Quand je suis arrivé devant elle, elle avait fermé le petit rideau, les gens s’en allaient. Je me suis retrouvé tout seul avec elle. Elle m’a proposé de lui toucher la cuisse. Ce que j’ai fait. Je pense que ça m’a profondément influencé dans mon existence, ce moment fellinien. C’est une anecdote cocasse dans l’existence, le hasard d’être dans un endroit improbable, ça m’amuse beaucoup, cette farce du destin. »
Propos recueillis par Stéphane Pajot
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Thomas Fersen, prêt à enchanter le Liberté !Par marine • 14 mai, 2011 • Catégorie: Culture et +, musique
Samedi soir, Thomas Fersen monte sur la scène du Liberté à Rennes. Il ne sera pas seul. Accompagné de Dracula, Barbe Bleue, d’une sorcière, d’un squelette et bien d’autres créatures… il nous transporte dans son univers onirique, où conte et poésie se mêlent au grand bonheur des spectateurs. Thomas Fersen nous parle de son nouvel album « Je suis au paradis ». Interview.Thomas Fersen, prêt à enchanter le Liberté ! Vos albums emportent les auditeurs dans un monde enfantin, fantastique et pourtant très adulte. Votre nouvel album « Je suis au paradis » semble plus sombre. Pourquoi ce choix ?C’est un album plus romantique. C’est par goût et surtout c’est une histoire de désir. J’ai toujours été attiré par ça avec Dracula par exemple. Et puis c’était aussi une manière de rompre avec le précédent album.
Quelques mots sur votre pochette d’album ?Oui, bien sûr. C’est Christophe Blain qui l’a réalisé. J’aime beaucoup ses ouvrages et son état d’esprit. Des histoires de cowboy, de monstres, de donjons… J’aime ça. Je lui ai donc demandé de faire la pochette. C’est lui qui a imaginé la scène, je n’ai pas posé. Il a aussi créé une petite bande dessinée pour accompagner le CD. Au lieu d’un texte de présentation, c’est une BD…
Dracula, loup garou, sorcière, balafré, squelette du train fantôme… Est-ce un choix de réunir ces personnages sur le même album ou simplement une question d’inspiration ?C’est ma vision du paradis. J’aime imaginer des personnages comme ça. Surtout, détourner la noirceur de ces thèmes. Ils sont jubilatoires et délicieux à mon goût… J’aime vraiment ce genre de personnages. Comme dans les livres de Stain justement. Je les lis pour m’endormir.
Même quand le titre n’indique pas de personnages fantastiques, vous parlez de fantôme avec « Sandra » par exemple. Quelle est cette fascination pour le fantastique ?Thomas Fersen, prêt à enchanter le Liberté ! Le fantôme, ce n’est pas forcément dans le sens de la créature fantastique. C’est aussi quand vous pensez à quelqu’un qui n’est pas là et qui vous hante. L’amour suscite ce genre de réaction. On pense aux disparus par exemple parce que on est passé par là avec eux à un moment…
En 2009, vous lisiez les épitaphes de Stéphane Audeguy à l’occasion de Paris en toutes lettres. Vous plaisantez sur votre étui de ukulélé en le voyant comme un cercueil… Ne seriez-vous pas un peu morbide ?Non pas du tout ! La mort et les créatures autour sont des thèmes classiques. Ils ont toujours été dans les arts, la littérature, l’animation pour les enfants… Il y a toute une esthétique autour du squelette. Je trouve que c’est très intéressant. Je ne suis pas morbide car il ne s’agit pas ici de la vraie mort. Mais de la mort représentée. Et c’est ce qui m’intéresse. Embellir la violence et la brutalité d’une réalité dure et implacable.
On va s’intéresser maintenant à la chanson « J’suis mort ». Elle ne ressemble à aucune autre. Pourquoi elle en particulier ?C’est un squelette qui chante. Pour moi, il faut une voix atterrée, un petit micro et une chanson simple. Ca m’a rappelé à quel point j’aimais les chansons simples.
…Les chansons simples ?Oui, avec une structure simple. Couplet, refrain, couplet, refrain… J’aime beaucoup. Ça vient certainement de mon côté paillard ! (rires)
Cette chanson justement, vous l’avez chanté après la lecture des épitaphes puis pendant votre tournée. Vous travaillez toujours vos chansons aussi longtemps avant de les mettre sur un album ?Je pense toujours à la chanson et à son interprétation. Pas à l’album. Vous savez, quand vous enregistrez un disque, le temps d’enregistrement est très court. En tant qu’interprète, je préfère vivre la chanson sur scène. Imaginer la façon dont je vais l’incarner en concert…
Par exemple, Billy the kid n’est pas sur l’album mais vous la chantez en concert…Oui, voilà. Ce n’est pas que je ne l’aime pas ce titre, je la chante sur scène… Simplement, elle ne collait pas avec le reste de l’album. Je ne lui trouvais pas de place !
Vous soignez vos pochettes d’album, vous soignez vos chansons…Thomas Fersen, prêt à enchanter le Liberté !Je soigne aussi mes chaussures… (rires). Non, je plaisante…
Pourtant, avec votre magasin de mules en reptile…Oui, c’est vrai. En fait, j’aime les chaussures des femmes surtout !
Mais alors soignez-vous le décor sur scène ? Si oui, quels petits détails à nous donner ?Oui, ce sera une ambiance romantique. Il y aura un piano de 5 mètres de long, je porterais des vêtements sobres et bien sûr, il y aura les lumières…
Vous semblez connaître la Bretagne et son brouillard (chanson « Brouillard »). Connaissez-vous le public rennais et la scène du Liberté ?J’ai souvent joué à Rennes. C’est une étape très importante !
Avez-vous des nouvelles de la chauve souris et du parapluie ?Je peux vous dire que les deux vont bien. Ils sont toujours ensemble. Ils seront là samedi soir d’ailleurs !
Une dernière question indiscrète… Vous voulez vraiment mourir comme Félix Faure ? (Chanson « Félix »)Non, je ne souhaite pas connaître la même mort. C’est juste pour la chanson. J’aime écrire sur les personnages célèbres. Et ça m’amusait d’écrire une histoire futile !
Très bien, merci beaucoup. A samedi !