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 [Archives] - Les articles du début (2000-2006)

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Laurence
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kiki
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Sandryne




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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Sep - 12:38

Merci Very Happy
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laurene0005

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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 2 Sep - 14:42

Oh yes kiki !!! Dès que j'ai une minute je la lis ! =) merci !
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeSam 4 Sep - 10:59

Encore une vieille interview qui refait surface. Elle provient du "Nouvel Observateur" du 29 janvier 2004.

Bénabar : Chanteur désinvolte

«Un verre de poire, ça vous tente?» Studio Acoustic, Saint-Germain-des-Prés. Dehors, il pleut des cordes. A l’intérieur, Bénabar repose les siennes, entre deux séances de travail sur la BO du film «Madame Edouard».

Le Nouvel Observateur. – Il y a trois ans vous jouiez dans des arrière-salles de troquets enfumés, aujourd’hui vous passez chez Drucker. Ça fait quoi, d’être un chanteur à succès ?

Bénabar. – Pas grand-chose. Je ne passe pas mes nuits vautré aux Bains-Douches. Disons que cela apporte un certain confort. Et puis, désormais, les médias me demandent mon avis sur le bonheur, les intermittents, mes secrets de beauté. Hormis ça, je fais toujours le même métier. Et un jour sur trois, mes soirées se terminent au fond d’un bus avec une bande de musiciens.

N. O. – Sauf que la taille du bus a changé ?

Bénabar. – Exact. J’ai débuté en écumant les pianos-bars et les cabarets de sous-préfecture à bord d’une vieille bagnole. Puis on est passés au minicar. Depuis deux semaines, nous avons récupéré le tour bus de Robbie Williams. Avec chauffeur anglais, deux coins salon et une télé écran plat. La grande classe, même si je suis un peu déçu de ne pas avoir trouvé de vieilles groupies desséchées dans les placards. Mais bon, c’est à la taille du tour bus qu’on reconnaît l’importance du chanteur!

N. O. – Avec Vincent Delerm, Mickey 3D, Keren Ann… il paraît que vous incarnez «la nouvelle chanson française» ?

Bénabar. – Derrière le label «chanson française», il y a un côté cocardier, intégriste de la rive gauche, qui m’ennuie profondément. Cela sous-entend aussi que depuis vingt ans, il ne s’est rien passé. Aucun chanteur digne d’intérêt. C’est aberrant. Je ne crois pas à une génération spontanée. Simplement, à un moment une partie du public s’est lassée des grosses machines, des variétés de Zénith, de la chanson pour shows télé.

N. O. – Existe-t-il des rivalités entre vous ?

Bénabar. – Aucune. J’ai lu récemment que je ne pouvais pas encadrer Benjamin Biolay. Première nouvelle! Je ne le connais pas et j’aime ce qu’il fait. Le petit show-biz affectionne ces querelles montées de toutes pièces. Si nous avions vendu 40 millions de disques chacun, tout irait bien. Mais c’est vraiment pas le cas. Oups! (Il renverse son verre de poire sur son pantalon.) Mon costard tout neuf! Ça attaque?

N. O. – La tête, un peu; le costume, je ne sais pas. Vos chansons croquent avec drôlerie ou gravité des histoires du quotidien. Mais à quand Bénabar chanteur engagé ?

Bénabar. – La posture du poète torturé, très peu pour moi! Je trouve cela ennuyeux. Et puis, le risque, c’est de virer rapidement démago. Ce qui ne m’empêche pas de prendre position dans des interviews. Le pire, c’est «Ma liberté de penser», de Florent Pagny. Un texte ultrareac mais en même temps, il se fait faire des dreadlocks décolorées pour montrer que, malgré tout, c’est un mec cool!

N. O. – Vous faites partie des anciens de Canal+ ?

Bénabar. – J’ai coécrit les éditos de Bruno Gaccio pour l’émission « la Grande Famille ». J’ai aussi été l’un des scénaristes de la sitcom « H » avec Jamel et Eric et Ramzy. Une bonne école. J’arrivais avec des répliques que je voulais encadrer sous verre tellement je les trouvais hilarantes. Les acteurs les lisaient. Personne ne riait. Et mes vannes finissaient à la poubelle. La première fois, on trouve cela injuste. Après, on apprend à désacraliser ce qu’on écrit.

N. O. – Vous allez être papa. Allez-vous acheter le monospace que vous raillez dans l’une de vos dernières chansons?

Bénabar. – Après avoir beaucoup conduit, j’ai maintenant une peur panique de prendre le volant. Je m’évanouis. Je me sens mal. Cela donne lieu à des sketches dignes de Woody Allen, mais à vivre c’est moins drôle. C’est pour ça que j’ai choisi ce métier, pour avoir un chauffeur.

Vincent Monnier
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 16 Sep - 22:09

Article trouvé encore dans mes archives. Il provient de la revue "Tout Chanson" parue en novembre 2004.
[Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Toutchanson1120042copie.th [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Toutchanson1120041copie.th


Dernière édition par Kiki le Jeu 16 Sep - 22:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 16 Sep - 22:16

Merci Very Happy
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Fév - 23:36

Vous saviez qu'au Québec, Bénabar était surnommé le "kangourou chantant" ? Je viens de le découvrir dans cet article paru en 2006 :

Bénabar : Le kangourou chantant

ARTICLE - 9 mars 2006
Francis HébertFrancis Hébert

En dix ans, Bénabar est devenu un phénomène en France, le chanteur populaire par excellence, avec ses chansons drôles et tendres. Rencontre avec le phénomène dans sa loge parisienne.

En plein Paris, à la mythique salle des Folies Bergère, un kangourou bondit, tourne sur lui-même, sue et frémit. Puis rebondit encore. Applaudissements hystériques. Déferlante de joie, de rires. Bénabar a la cote, il le sait, et s'en réjouit. Pendant deux heures, il peut remiser sa timidité et sa nervosité (bien palpables en entrevue), pour devenir une bête de scène irrésistible, un kangourou qui saute partout, s'approprie les planches comme peu savent le faire.

Il rejoint un vaste auditoire: élégants trentenaires comme lui, jeunes intellos dans la vingtaine, parents, grands-parents et... enfants. Il fallait les voir, ce soir-là, les mômes enthousiastes, emmenés par leurs parents. Bénabar, une sortie familiale? De père en fils, ça tape dans les mains à toutes occasions, ça chante avec le chanteur. Et ça bondit. Décidément. Un public kangourou.

Même si la chaleur est intenable au balcon, qu'on ne voit pratiquement rien, que la musique bouffe les paroles (essentielles, chez Bénabar), on tombe sous le charme du chanteur, ironique observateur de nos travers intimes: "Je ne me complais pas dans le populaire, je n'ai pas non plus la haine des intellectuels. Je me méfie seulement des faux intellectuels snobs. Contrairement à plein de gens, je trouve que le côté grand public, pour un chanteur, est très noble. Ce qui ne m'empêche pas d'aimer à la fois Michel Delpech et Alain Bashung ou Tom Waits", nous confie Bénabar dans sa petite loge des Folies, une heure avant son concert.

À l'heure du vin et des clopes, consommés avec angoisse, ça se lit dans son teint, blafard: "Le succès permet des conditions de tournée et de vie plus confortables, mais la pression, le stress augmentent aussi. Par nature, je me mets déjà de la pression tout seul, alors tu vois... J'ai toujours été hyper-nerveux et anxieux, mais j'essaie de résister pour ne pas sombrer là-dedans."

Mais au-delà des aléas, des malaises du chanteur populaire, il y a chez Bénabar une jubilation permanente: celle que procurent ses chansons. Une poignée d'albums en dix ans, une écriture précise, raffinée, des observations hilarantes. Un regard posé sur les choses, des histoires racontées de biais, par l'anecdote. Ainsi, sur le dernier opus, Reprise des négociations, qui vient tout juste de paraître chez nous, l'amateur de chanson française a souvent de quoi se régaler. Le Méchant de James Bond est un superbe exemple du style Bénabar, fait de détours, de références à la culture populaire, de dérision et de tendresse: "Il voudrait être un méchant de James Bond / Pour menacer la planète / Et soumettre le monde / Armé jusqu'aux dents dans un repaire qu'il imagine / À l'intérieur d'un volcan ou dans une base sous-marine / Il aurait un rire sardonique qui inspire la terreur / Pas trop sardonique quand même / Parce qu'il sait pas ce que ça veut dire". La chanson va bon train, on rigole, puis soudain: "Peut-être même que sa femme annulerait le divorce, et aucun juge n'aurait l'audace de le priver de ses gosses". De la fantaisie au constat d'une injustice sociale, voilà Bénabar dans toute sa splendeur.

Une utilisation du langage quotidien qui est chère au chanteur populaire: "Ce qui est important, c'est qu'on suive la chanson et qu'on comprenne ce que je raconte. Je ne vais pas essayer de montrer que je suis un intello et que je connais des mots compliqués." Grand lecteur? "J'ai du mal à lire des romans. J'ai un peu le défaut des trentenaires urbains qui lisent beaucoup les journaux, qui regardent trois fois par jour les infos à la télé." Mais ses chansons racontent admirablement la société dans laquelle nous vivons, avec juste ce qu'il faut de romances et d'histoires romancées pour faire de lui un chroniqueur de nos sentiments, toutes générations confondues. Populaire, quoi.

Source : voir.ca
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeJeu 10 Fév - 23:51

Très beau cet article ! [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Kangou10
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Nov - 14:50

Article du 30 juillet 2002 provenant de swissinfo.ch

L’explosion Bénabar

Le 27e Paléo Festival s’est achevé dimanche. Retour sur l’une des révélations de cette édition, le Parisien Bénabar, qui a convaincu public et critique.

Rien n'est jamais évident pour Bénabar. Même la musique. Et à Nyon, sous le Dôme, le public s'est laissé surprendre par une ambiance comico-rock des plus drôles. Les organisateurs ne manquent pas de qualifier la prestation de Bénabar comme l'un des grands moments de l'édition 2002 de Paléo.

Les premiers succès de Bénabar, «La petite monnaie», «Bon anniversaire» ou «Y a une fille qu'habite chez moi» ont chauffé la salle. Et puis ce fut le temps d'un slow... mais pas n'importe lequel: «Ce n'est pas un slow, c'est une parodie», tout l'univers mielleux des premiers baisers passés à la moulinette de Bénabar, ça vire au sketch. Et il sait y mêler ses musiciens avec un talent presque touchant.

Les femmes et la vie

Quand on lui demande ce qu'il pense des femmes, le charmant trentenaire est très sérieux: observateur du quotidien, il les respecte, et le couple encore plus. «On a tous des complications dans nos rapports amoureux».

Amusé, tendre, parfois énervé ou revanchard, Bénabar déborde de sentiments. «La vie quotidienne montrée à la TV n'est pas la vie quotidienne, c'est du voyeurisme, pour moi. A côté de ça, on peut traiter la vie quotidienne avec du recul et de la pudeur. Je ne tiens pas au jour le jour une chronique de mon existence. Je choisis les gens desquels je vais parler. J'observe leurs travers en camarade, et je relève les petites bassesses qu'on vit tous. Mais je me mets dans le lot, je ne juge personne.»

Bénabar se dévoile au grand jour il y a quatre ans, sous le nom de «Bénabar et Associés». Il parle de nous, nous porte à l'autodérision. Certaines femmes le trouveront un peu «macho», à critiquer l'arrivée d'une compagne dans la vie paisible d';un célibataire, d'autres y trouveront de la tendresse.

Il emprunte à Brassens son côté «Les copains d'abord» avec «A notre santé», dans laquelle il se moque de ceux qui passent à côté des petits plaisirs de la vie. Couche-tard de par son métier, mais par goût aussi, le Parisien est lucide: «On ne fait pas de plus belles rencontres la nuit que le jour, souvent les gens sont plus superficiels qu'il n'y paraît devant un verre au plus profond de la nuit».

Le cinéma et l'âge du Christ

Bénabar a plus d'un talent dans son sac: le chanteur est aussi réalisateur de cinéma. Il a sorti «Le Brasier» en 1989, qui raconte une histoire d'amour franco-polonaise en 1931, dans le nord de la France.

Il a également collaboré aux trois premières saisons (au moins) de H, la sitcom de Canal Plus, avec le comédien suisse Jean-Luc Bideau. A 33 ans, Bénabar ne renie pas ses premières amours, mais tient à ne pas leur coller aux basques: Higelin et Renaud l'aident à traverser l'adolescence Aznavour et Brassens berceront ses pensées un peu plus tard.

Pas vraiment Stones, à peine Beatles, Bénabar. Brel, Bashung, Tom Waits, Nino Rota, voilà les noms qu'il vous sortira le plus volontiers de son chapeau d'artiste. Bénabar, comme son pote Sanseverino, assurent la relève de la chanson populaire française et lui donnent une fraîcheur critique qui tendait à s'épuiser dans l'Hexagone.

tsr.ch/Brigitte Perrin
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MessageSujet: Re: [Archives] - Les articles du début (2000-2006)   [Archives] - Les articles du début (2000-2006) - Page 2 Icon_minitimeLun 30 Juin - 4:27


Mis en ligne dans le kiosque le 26 octobre 2003.
Dialogue entre Bénabar et Renaud..
.


Renaud : J'ai écouté ton disque la première fois il y a six mois et puis là, ils me l'ont renvoyé pour l'interview. Je l'avais déjà, et je t'avouerais que je l'ai pas réécouté depuis. Donc j'ai un peu oublié tes chansonnettes, tes petites chansons. Tes belles chansons !! J'aurais dû me replonger dedans pour l'interview et voilà... C'est ma négligence !

Bénabar : Tout roule.

Réfléchis l'un à l'autre par une sorte de charisme naturel, Renaud et Bénabar vont bien ensemble dans le même décor. Fût-ce celui de la Closerie des Lilas, une brasserie guindée du quatorzième arrondissement de Paris dans laquelle on peut croiser, selon la table Pierre Bachelet (gasp !!!) ou Eve Ruggieri (damned !!). Si Bénabar dit que la verve de Renaud contribue à la liste de ceux qui l'ont incité à écrire, le second a toujours témoigné d'un intérêt pour ses contemporains les musiciens, les chanteurs à textes de talent, délurés ou simplement rock. Et Dieu sait qu'à bien des détours de "Bénabar", le deuxième album (et premier exposé au grand public après le discrètement sorti "La P'tite Monnaie"), avec ce "gamin qui tombe de vélo", ces addictions "au café et à l'odeur du tabac", et "ces couche-tard qui croisent les lève-tôt dans les couloirs du métro", on pouvait parfois se croire, à quelques éléments de décors près, dans l'univers d'une chanson de Renaud. Renaud, lui, sort d'un long tunnel qu'au terme de plusieurs cures de désintoxication, il a péniblement réussi à coucher sur bandes. Peines de cœur, alcoolisme, Renaud en a vu de toutes couleurs ces dernières années. Il en ressort un de ses plus beaux albums, pas loin derrière "Mistral Gagnant" ou la noirceur de "Putain de camion". Porté par quelques chansons Renaud pur jus ("Je Vis caché", "Elle a vu le loup"), "Boucan d'Enfer" est aussi le disque de chansons d'amour douloureuses proprement magnifiques ("Cœur perdu", "Boucan d'Enfer"). Composé sur la base d'un pari avec un copain (Renaud s'était engagé à lui dicter une chanson en l'improvisant pour se faire payer un verre, il en est sorti la chanson "Petit pédé"), cet album contient la chaleur de ses meilleurs moments, et sa verve unique, ce ton parfois caustique qui fait que Renaud est devenu le plus inimitable des chanteurs français. Ce n'est pas pour autant qu'avec Bénabar ils n'ont rien trouvé à partager.

Bénabar, tu me disais à l'instant combien Renaud est quelqu'un qui a compté pour toi...


Bénabar : Ben quand même, c'est devenu dur aujourd'hui de penser ses textes en français sans penser à Renaud. Après, on a des problèmes de culture générale ou d'affinités. Renaud, il fait partie de l'environnement musical pour les plus jeunes d'entre nous. En tout cas, moi, j'ai vachement écouté parce que je suis fan depuis bien longtemps. Mais même indépendamment de cela, c'est quelqu'un dont a priori tu ne peux pas dire qu'il ne t'a pas influencé. Tout comme Higelin.

Qu'as-tu trouvé chez Renaud que tu n'as trouvé chez personne d'autre ?

Bénabar : Une faculté d'utiliser des mots simples pour avoir des chansons très compliquées qui sont d'apparence très simples. C'est le plus dur : faire mouche au moindre détail, tout en donnant l'impression à tout le monde que ça a été écrit en trois minutes. La simplicité, c'est quelque chose de touchant et d'inspirant. Je disais pas cela en parlant de moi, mais plutôt de mon illustre confrère.

Il y a une chose amusante : sur son disque, Renaud met en chanson la tristesse que lui a inspiré le départ de sa femme, et sur celui de Bénabar, il y a cette chanson, "Y'a une fille qui habite chez moi", où il s'inquiète d'en voir une s'installer chez lui. Renaud, tu sembles regarder les jeunes amoureux avec une certaine nostalgie...

Renaud : Oui, il y a cette chanson, "Mal barrés", où j'en parle. Moi, je ne fais pas les chansons d'amour comme un exercice de style. Quand j'en fais une, c'est du vécu. Donc, ce que j'ai à raconter, c'est mon histoire.

Justement, ton histoire a été plutôt discrète, ces dernières années. Tu peux nous en parler ?

Renaud : J'étais au fond du trou, sans inspiration, en train de me détruire à l'alcool, au tabac et au chichon. Je n'avais plus de vie sociale ni d'existence artistique. Malgré tout, dans ces années noires, j'ai fait une tournée de 200 concerts en formule acoustique avec un piano et une guitare. Sans promotion aucune, donc ni les journaux, ni les télés, ni les radios n'en ont parlé. Le public était présent, mais bon.

Il y a une aigreur par rapport à tout cela, maintenant, quand tu vois le succès que remporte "Boucan d'Enfer" ?

Renaud : Non, pas du tout. J'ai enterré la hache de guerre avec les médias, avec qui j'étais en guerre pendant des années. Maintenant, j'essaie surtout de rencontrer des gens gentils. Et si possible des journalistes qui ont des questions pas trop con à poser.

Bénabar, tu en es où avec les médias ?

Bénabar : Moi ça se passe bien, mais c'est pas pareil. Comme je suis débutant, je ne suis pas connu, donc les gens qui me rencontrent sont des gens qui ont bien aimé mon album. Au stade où en est Renaud, ça n'est plus forcément pareil. Je n'en suis qu'à mon deuxième album - le premier était très sorti de façon confidentielle. Donc c'est toujours agréable de raconter à quelqu'un ce que tu fais pour essayer de toucher du public. Donc moi, je joue le jeu sans problème. Ça fait partie du boulot. Et je m'arrange bien avec les attachés de presse de la boîte.

Renaud : C'est quelle boîte, en l'occurrence ?

Bénabar : C'est Zomba/Jive.

Renaud : Connais pas.

Bénabar : Un indépendant américain qui fait des trucs énormes genre Britney Spears. Et ils ont ouvert une petite boîte en France où ils sont vingt. Et c'est grâce à la thune de Britney Spears que je fais des disques. Moi, ça me va. Il faut des gens qui rapportent le blé, et il faut bien que ça serve à d'autres !

Renaud, quel est le regard que tu portes sur la chanson française d'aujourd'hui ?

Renaud : Ça fait presque 25 ans que l'on me pose la question. (Arrghh !!! Les journalistes qui posent des questions pas trop con !!! — ndr). Comme si tous les cinq ans, ça évoluait, ça régressait. Il y a toujours autant de merdes et toujours autant de choses de qualité. Qui ai-je découvert, depuis quelques années ? J'ai découvert Mickey 3D, j'ai découvert Bénabar, Manu Chao (que j'adore), Noir Désir, mais ça fait un sacré moment qu'ils sont là. Akhenaton, aussi, mais ça fait dix ans qu'il est là...

Tu as été touché par le disque sur lequel des artistes de hip-hop français t'ont rendu hommage ? Ça t'a étonné ?

Renaud : Bah, j'ai été étonné qu'ils s'intéressent à mes chansonnettes, et touché, parce que c'est un bel hommage. Après, j'ai été un peu dérouté par la façon dont ils ont massacré mes mélodies, quoi.

À ce point ?

Renaud : Ah ben totalement, oui ! Il ne reste plus rien de mes chansons, quoi. Il reste le texte quand, pareil, il n'est pas massacré.

Et le texte, c'est le plus important ?

Renaud : Bien sûr. J'ai toujours dit que la musique était le véhicule pour mettre en valeur le texte et les mots. J'essaye de faire ça le mieux possible. Alors des fois c'est un peu rock, des fois c'est un peu folk, des fois c'est un peu country, mais dans l'absolu, peu importe...

Sur "Boucan d'Enfer", il y a cette chanson, "L'Entarté" où Renaud brosse un portrait pas glorieux de Bernard-Henri Lévy. Bénabar, penses-tu aussi qu'il faut élever une statue à Noël Gaudin ?

Bénabar : Alors moi, pas du tout, pour tout dire. L'entartage est une chose qui ne me plaît pas du tout. Une sorte de terrorisme médiatique qui me déplaît plutôt dans l'idée.

Renaud : Je trouve aussi. J'ai souvent dit en interview que je trouvais que c'était une agression très violente, mais je répète à chaque fois que quand même, qui n'a pas rigolé en voyant Bill Gates se faire entarter !??

Bénabar : Là, ça me fait marrer. Mais au fond, ce qui me gêne, dans l'entartage, c'est la haine de l'intellectuel qui, bon... BHL, il est ce qu'il est...

Renaud : C'est pas la haine de l'intellectuel, c'est la haine du surpuissant médiatique.

Bénabar : Non mais Bill Gates, j'approuve, mais dix fois sur BHL, bon... C'est quand même pas le pire.

Renaud : Ah non, c'est pas l'ennemi le plus redoutable, c'est vrai.

Bénabar : Y'a d'autres victimes plus pertinentes, je trouve. Jean-Marie Messier, par exemple.

Renaud : Je suis d'accord. Mais quand même, quand j'ai vu BHL se faire entarter au bout de six fois, ça m'a encore fait rigoler.

Renaud, dans "Je vis caché", tu racontes ta haine des mondanités.

Renaud : C'est parfaitement sincère. Je fuis les cocktails, les soirées showbiz, les dîners mondains, je ne connais pas. C'est une chose que j'ai toujours détestée.

Bénabar : Moi je ne suis pas invité aux mondanités (rires) !

Renaud : Ça viendra, ça viendra.

Quels sont les pièges auxquels on n'échappe pas quand on essaie de s'imposer en tant que chanteur ?

Renaud : L'étiquetage facile. J'ai toujours été une bonne cible pour les étiquettes. Chanteur loubard, chanteur de gauche, chanteur des banlieues... Pour l'instant, Bénabar a échappé à tout ça. Il reste un chanteur-compositeur-interprète pas marqué par une histoire caricaturale.

Puisque l'on est dans la caricature, tu es toujours le chanteur énervé/énervant que tu disais être ?

Renaud : Énervé, je pense l'être de moins en moins. Énervant, j'espère encore l'être à travers quelques chansonnettes, juste pour énerver quelques nuisibles, mais je suis moins énervé qu'avant. Avec la cinquantaine, j'ai pris un peu de recul.

Tu viens de terminer un film. Une passion ?

Renaud : Non, c'est juste que ça m'amuse. Ça permet de rester actif, d'avoir une activité professionnelle. Si je n'ai pas d'activité, je m'étiole. Et si je m'étiole, je me détruis.

Le cinéma, c'est une chose qui attire Bénabar ? Ton clip est plutôt drôle...

Bénabar : Je n'y joue pas véritablement mais c'était sympa car c'est mon frangin qui l'a réalisé. Moi, je viens d'une famille de cinéma, j'ai beaucoup été stagiaire-régie, ce genre de trucs donc, bon, ça ne m'attire plus trop. Je ne suis plus du tout branché par ce business. J'ai justement trouvé dans la chanson quelque chose qui m'allait. Quelque chose de simple, où il suffit d'être tout seul avec un piano. Où après, libre à toi de rajouter des gens. Mais où tu peux te passer de l'une usine à gaz qu'est le cinéma, qui demande énormément de pognon, énormément de gens. La chanson, c'est plus de proximité.

La scène jusque là a été ton meilleur tremplin...

Bénabar : J'ai commencé par la scène avant même d'avoir une maison de disques. J'avais déjà fait 300 concerts avant de signer. C'est l'avantage de notre métier : pouvoir faire de la scène sans sortir de disque. À choisir, je prendrais la scène, c'est sûr. C'est ça mon boulot. Faire des disques, voilà. J'ai fait un premier disque parce que je voulais aller jouer en province. On m'a fait comprendre qu'il fallait une carte de visite. Mais ça ne m'était jamais venu à l'idée avant. C'est sincère, c'est pas de la fausse coquetterie.

Renaud, la scène, pour toi aussi, c'est l'exutoire...

Renaud : Ah oui, c'est... J'ai deux passions dans ce métier : quand j'écris le mot ‘fin' en bas d'une chanson que j'ai réussi à écrire, et quand je suis sur scène avec le public. C'est magique.

Jouer les chansons de "Boucan d'Enfer" sur scène s'annonce-t-il difficile ?

Renaud : Pour l'instant, je n'en suis pas là. On n'a pas encore attaqué les répétitions du prochain spectacle. Le problème, c'est que je vais devoir défendre des chansons qui correspondent à une époque de ma vie qui est un peu révolue, où j'étais au fond du trou, en dépression. Mais les chansons existent, alors je vais les chanter. Le bonheur, il est sur scène. La larme du gamin de quinze ans au premier rang, c'est incomparable. Les briquets allumés...

Dans une chanson de son disque, Renaud parle du bar où il retrouvera les Boris Vian, Coluche, Desproges et Patrick Dewaere pour boire un coup le plus tard possible. Qui y a-t-il, toi Bénabar, dans ton "Bistrot préféré" ?

Bénabar : En premier, je dirais Claude Sautet. Nino Rota. Mastroianni...

Renaud : Tous ceux que j'ai oubliés : Mouloudji, Barbara, Topor...

Bénabar : Mais combien y'en a-t-il que j'aurais aimé rencontré ? J'aurai rêvé de rencontrer Mitterrand, Gainsbourg... Desproges !

Renaud : Des gens que j'ai eu la chance de fréquenter et de connaître. Je m'en sens un peu survivant, de cette époque, quand je vois l'hécatombe. Je parle même pas de Balavoine, de Michel Berger. Des collègues, des confrères...

Mais tu vois tout de même quelque chose de nouveau pour toi se profiler,non ?

Renaud : Non. Je vois que j'avais un public de base, de fidèles. Et là je vois que j'en touche d'autres. C'est bien de conquérir de nouveaux publics au bout de vingt-sept ans de métier.

Pourquoi toujours tes "chansonnettes", et pas tes "chansons" ?

Renaud : je n'ai fait que des chansonnettes. À une exception ou deux. Une chanson, c'est "Le temps des cerises", qui dure depuis deux siècles, et une chansonnette, c'est "Dès que le vent soufflera", qui dure dix ou quinze ans. C'est déjà pas mal. Ma seule chanson, c'est "Mistral Gagnant", et encore.

Quels sont les morceaux de Renaud qui t'ont le plus touché, Bénabar ?

Bénabar : Ça a été en deux temps. D'abord, quand j'étais môme, les chansons engagées, ou bien "Gérard Lambert". Et puis j'ai décroché. Et puis il y a deux ans je me suis racheté tes disques et j'en ai découvert d'autres. Aujourd'hui, malgré le côté nostalgique de la chose, j'aime moins les chansons engagées de l'époque. Je les écoutais le poing levé. Mais franchement, sans utiliser des grands mots à la con, il y a plus d'une dizaine de chansons qui sont, à mon avis majeures. Je le pense sincèrement. Sur "À la belle de mai", qui est malheureusement passée discrètement, il y a de super belles chansons. "Le petit chat est mort", c'est vachement joli.

Renaud : "Le petit chat est mort", tu connais ça, toi ? Parce que c'est une petite chanson, mais que j'aime bien.

Bénabar : Typiquement, c'est un disque que je n'avais pas acheté à sa sortie. Et voilà un titre que j'ai découvert. D'autres sont aussi complètement passés à côté des yeux du public, mais je ne suis pas inquiet pour Renaud. Une bonne chanson, ça reste une bonne chanson. Elles vont encore être découvertes !

Le meilleur album, c'est toujours le dernier en date ?

Renaud : Non. Pour moi, celui-ci me semble meilleur que les trois précédents, mais je reste toujours attaché à "Mistral Gagnant". Le plus fantaisiste, celui qui contient les meilleures chansons.

Un dernier mot ?

Renaud : Que Bénabar continue à nous faire de belles chansons. Il ira loin.

Bénabar : Je pense la même chose (rires).
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