J'ouvre ce topic sur Alain Souchon que j'aime énormément (et je ne suis pas la seule sur ce forum) avec une interview papier que je viens de lire dans Paru/Vendu et que je trouve très sympa :
Fraternel SouchonÉternel ado romantique, avec sa silhouette flexible et sa tête d'oisillon ébouriffé, éclairé d’un regard nuage, incorrigiblement rêveur, Alain Souchon traverse la vie comme il arpente la scène, les mains dans les poches et les pieds en dedans avec une espèce de maladresse attendrissante, une tristesse douce, une nostalgie douce-amère, une mélancolie brumeuse, et, de temps à autre, une révolte contre le sale air du temps.
Avec le plus touchant des naturels, le poète échevelé tranche avec les chanteurs matamores et faux-durs qui brandissent leur micro-phallus, qui roulent des mécaniques, ayant la force de s’avouer faible avec ses comptines sentimentalo-romantiques, petites madeleines mélancoliques dont la moindre bouchée vous rend nostalgique des hiers plus heureux. Son œuvre témoigne de la valeur d’un chemin créatif, exigeant, tourné vers ses semblables et qui l’a fait virer depuis Foule sentimentale au phénomène de masse avant de le canoniser.
Interview à quelques jours de son retour sur scène au Casino de Paris avec ce chanteur, qui nous ressemble, témoin de son temps, qui s’est imposé dans nos vies comme une voix nécessaire qui chante les maux de son âme avec les mots de son temps, houspille le monde et ses égarements. Votre album s'ouvre sur une chanson Rêveur qui évoque l'échec d'une certaine utopie soixante-huitarde. C’est une lecture à rebours de l’histoire par deux chanteurs ayant connu 68 et qui en sont revenus ? En 68, je me disais que c'était bien de foutre le désordre, car le monde n'était pas très amusant à vivre. Il y avait quelque chose de très dur que la jeunesse cherchait à adoucir. On voulait changer le monde. Comme je dis dans la chanson : “On voulait des matins doux. On disait, vous verrez quand ce sera nous. Plus de violence, plus de coup”. Ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé. Et puis, on a tellement espéré de la gauche et je me rends compte que rien n’a changé. Le libéralisme s’est accru, la mondialisation n’a cessé de s’étendre et il n'y a plus que l'argent qui compte. C'est effrayant de voir le monde tel qu'il va, impitoyable envers les faibles et les candides, souriant aux cyniques. C’est monstrueux de voir tous ces gens gagner de l’argent sans rien faire et grâce au CAC 40 ou aux parachutes dorés ! Comme je le chante : “La foule s'est mise à marcher Au pas de loi du marché C'est le Cac qu'a cadencé”.
Vous citez The times they are a changin de Bob Dylan, dans la première chanson de votre album. On trouve chez vous presque toujours des références anglo-saxonnes. Qu’est-ce qui vous plaît chez les Anglo-saxons ? Dylan était très important à mon époque. J'aurais aimé être Dylan. C’est mon époque avec les groupes de rock, Leonard Cohen, Randy Newman, ce génie du ragtime. J’aime chez Dylan sa poésie et ses textes engagés avec des thèmes avant-gardistes comme l’antiracisme, la justice sociale, l’émergence d’un monde nouveau et une musicalité dépouillée, sans jamais renier les racines du blues, du gospel et de la musique country. Il y a chez Dylan comme chez Ferré, le même combat. Ce sont des modèles d’engagement social. Quant à l’Angleterre, j’y ai découvert le “beat”, cet art de bouger et de faire bouger. Les Anglo-Saxons répètent une phrase et ça sonne formidablement. Ils sont beaucoup plus musiciens.
Avez-vous conscience d’avoir apporté un style nouveau à la chanson française ? C’est vrai car on voulait être différent, mais c'était instinctif, pas calculé. On n'avait pas envie de faire comme ceux qui nous avaient précédés. D'abord, parce qu'on n'aurait pas pu. Quand on arrive derrière Brassens, Brel, Ferré ou Barbara, on ne peut pas faire mieux, ni même aussi bien. Alors, j'écrivais mes trucs dans mon coin et c'est venu tout seul. Mon style s’est affirmé petit à petit. Je voulais déstructurer le Français, le faire swinguer. Ma plus grande joie, c’est de trouver le rapport entre les notes et les mots et que ça coule, qu’on ne sente pas le travail. Je voulais rendre le Français plus pop et j’ai eu la chance de rencontrer Laurent Voulzy avec sa culture pop extraordinaire. Il jouait comme j'en rêvais. Lorsqu'on a fait
J'ai 10 ans, ça m'a donné un plaisir inouï, à cause du rythme, du “beat”. C'était exactement ce que je voulais et je n'y arrivais pas tout seul.
Son approche plus rythmique vous a-t-elle obligé à modifier votre écriture, à vous débarrasser d’une langue trop académique, des règles habituelles de versification ? Bien sûr ! Cette approche plus rythmique m'a obligé à modifier mon écriture, à briser mes phrases, à bousculer le Français. C'était comme un jeu. C’est en faisant
J'ai 10 ans que j’ai compris qu’il fallait aligner les mots différemment à cause du rythme. J’ai trouvé un langage. Je pensais mes textes musicalement.
J'ai 10 ans nous a ouvert les portes des hits parades et ça c’était fabuleux pour nous. Cela nous changeait la vie et nous donnait des raisons de vivre.
Est-ce que Laurent Voulzy ne vous préfère pas dans une verve satirique (ce qu’il ne fait pas) et que vous aviez initié avec l’album Jamais content ? C’est complètement vrai. Il m’aime dans ce registre. Il me pousse dans la satire souvent et nous avons fait ensuite, après
J’ai dix ans, Jamais content, Poulailler‘s song, le Bagdad de Lann Bihouë, le dégoût, entre autres.
Comment vous viennent vos idées souvent atypiques et qui font votre marque de fabrique ? En me baladant. Je marche en tentant de me souvenir de phrases musicales et d’expressions. Lorsque j’ai trouvé l’expression, ensuite, ça devient un vrai boulot. Quand j’ai trouvé, pour la chanson
L'amour à la machine, la formule, “Passez notre amour à la machine, Faites le bouillir Pour voir si les couleurs d'origine Peuvent revenir”, j’étais ravi, heureux.
Dans Écoutez d’où ma peine vient, votre dernier album, vous fustigez l'économie de marché et ses abus, la surconsommation, le “tout-sécuritaire”, la vie carcérale et la clandestinité, la crise et les parachutes dorés. Avez-vous conscience d’être devenu depuis vingt ans le chanteur sociétal par excellence ? Je ressens mon époque. Je la sonde. Je suis spectateur du monde, de la société et j’en fais des petites chroniques en chansons. Ma chanson
8m² par exemple m’a été inspirée lorsque je suis allé voir des filles en prison. Cela m’a bouleversé car je me demande si tout cela sert à quelque chose car, pour la plupart, elles n’ont pas fait grand chose. Elles sont plus victimes qu’autre chose. Quand j'ai écrit
Foule sentimentale, on a dit que j'avais fait un truc génial... Je fustigeais notre époque en mal d’idéal qui a trop sacrifié au mercantilisme. Je ressens que les gens ne sont pas heureux dans ce monde, dans cette hyper-consommation. Notre monde et mode de vie s’écroulent et a atteint ses limites. Quand j’écris
Les cadors sur la délinquance ou
C’est déjà ça sur l’immigration, en fait, simplement, j'écoute, je regarde. Regarder, écouter les autres, c'est toujours intéressant. Aujourd'hui, tout le monde regarde, un peu béat, la France dans cet état. Plus on avance en âge, plus il est difficile de changer le cours des choses, la roue tourne malgré nous, et on ne peut pas l'arrêter.
On est obligé, quand on est chanteur, de rester dans l’adolescence, dans la naïveté, d’être idéaliste. Moi, je suis plus intéressé par l’aventure de la vie que par le matérialisme. C’est en ce sens que je suis un ado.
Vous chantez Bonjour tristesse de Sagan quand Arthur H chante Adieu tristesse. Vous sentez-vous résigné ? Résigné, certainement. J'ai évolué au cœur de la génération hippie, sans en être. Je les trouvais plutôt sympas et rigolos avec leur envie de paix, de flower, leur envie de fumer des pétards, de flirter avec de jolies filles qui ne faisaient pas trop d'histoires pour faire l'amour. Je pensais que le monde ne pourrait alors qu’aller mieux, changer de peau. Jusque-là, nous avions vu les guerres se succéder, toutes plus violentes les unes que les autres. On pouvait espérer une évolution positive. Mais, on constate malheureusement que la violence, tant militaire que financière, continue de gangrener le monde. Les hautes places boursières manient le monde avec une inconséquence effrayante.
Une femme comme Françoise Sagan vous fascine et, de manière générale, les gens aux existences hors normes, alors que sur un début de vie de ruptures et de repères brouillés, vous avez construit une existence stable, avec votre femme, votre partenaire musical, vos deux fils musiciens... C'est vrai. Par réaction sûrement par rapport à un début de vie chaotique. Comme j'ai beaucoup changé, tout le temps, je me suis toujours dit que je n'aimerais pas changer de femme, j'habite toujours le même appartement, j'ai toujours le même partenaire musical... Françoise Sagan sortait tous les soirs, rentrait saoule. Chez elle, ça me fascinait. Jeune, j'allais dans des endroits où je pouvais rencontrer des filles. Je buvais des whiskys pour me donner du courage. Seulement, ça me faisait vomir. Et donc, je n'ai pas pu mener cette vie de débauche qui m'attirait. J’ai toujours eu une santé trop fragile. Sagan a mené une existence de star. Ses interviews étaient fantastiques, où elle évoquait l'amour, la vie, la mort, la vitesse, les cigarettes ou les chevaux. Même chose pour Frédéric Beigbeder dont la vie me fascine et sa façon très particulière de la raconter. De même, j'aurais bien aimé être un grand aventurier. Les explorateurs me fascinent comme Théodore Monod ou Rimbaud rentrant à pied à Charleville. J'admire les navigateurs de l'époque de Christophe Colomb ou les cosmonautes.
Vous avez mis en musique un texte d’Aragon Oh ! la guitare, un poème tiré de l'Elégie à Pablo Neruda, chanté, jadis, par Hélène Martin... Pour quelle raison ? Je lis et relis Aragon. J'aime l'ensemble de son œuvre, mais rien n'est plus bouleversant que ses textes écrits pendant l'Occupation. Ce sont des chansons sans musique, chargées d'exalter l'âme française, d'unir catholiques et communistes dans le même élan de résistance. En célébrant Aragon, je retrouve, ma jeunesse et l'époque où j'écoutais Ferré chanter
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Dans la dernière chanson de votre album, vous vous attaquez au mythe du Che. Vous méfiez-vous des icônes ? Beaucoup ! Plus qu'au Che lui-même, je m'en prends à ceux qui en ont fait cet être parfait, sorte de figure divine à suivre aveuglément. Ernesto Guevara n'était qu'un homme, avec ses qualités et ses faiblesses. Toute cette passion pour le Che m'agace un peu. Il y avait chez lui cette notion de "plaisir" à manier les armes et à donner la mort qui me dérange, me heurte profondément.
Au bout de douze albums, prenez-vous toujours autant de plaisir à faire de la musique ? Je ne ressens pas la moindre lassitude, bien au contraire. Bien sûr, il y a parfois des moments difficiles où l'inspiration et l'envie vous délaissent quelque peu. Mais, c'est ma vie, et j'ai l'impression, que plus ça va et plus j'éprouve du plaisir à faire ce métier. Je pourrais très bien céder à une certaine autosatisfaction, mais très sincèrement, ce n'est pas le cas. J'ai toujours cette peur de l'échec lorsque je sors un nouveau disque, cette peur de la place publique. Cette peur de me voir renvoyer à la figure une de mes chansons ou un de mes disques.
Cela vous a-il gêné que Allô maman bobo vous colle si longtemps à la peau alors que votre premier album véritable est Jamais content, un titre très revendicatif qui était un peu du rap avant l'heure ? Pour moi, mon premier album véritable, c'est
Jamais content. Mais, on a mis en avant à l'époque
Allô maman bobo. C'était une histoire vraie. J'avais appelé ma mère après être tombé à skis. C'était quand même curieux d'appeler sa mère à 30 ans, pour une chute à skis... Mais moi, j'aimerais qu’on retienne Jamais content. C'était important pour moi. Je trouvais ça génial, revendicatif.
Allô maman bobo, ça a fait plaisir à ma mère et puis ça m'a mis en couverture de
L'Express.
Toutefois, justement, ne déplorez-vous pas que le succès de Allô maman bobo vous ait façonné un personnage un peu féminin, doux, fragile que certes vous êtes mais exagérément ? Le succès de
Allô maman bobo m'a donné l’image d’un personnage un peu féminin, doux, gnangnan, fragile, qui s’occupe de ses enfants. Ce que je suis, mais pas à ce point. Il y avait de l'artifice dans ce gentil garçon en pull mohair. C'était évidemment forcé même si je changeais les couches de mes enfants ! J’ai la voix douce et une silhouette frêle alors on ne se méfie pas. Daniel Balavoine m’avait parlé un jour de ma “dangereuse douceur”...
Vous dites souvent : “Si je n'avais pas pu devenir chanteur, j'aurais eu une vie dramatique”... Vous la voyiez comme ça, votre vie ? Si je n’avais pas pu devenir chanteur, j’aurais eu une vie banale, de glandeur, de traînard, de clochard. Au début de mon succès, j'ai pensé que tout reposait sur un malentendu. Le personnage un peu mièvre de
Allo maman bobo avait tout envahi. On me prenait pour un garçon doux en pull mohair bleu ciel qui s'occupe des enfants, que les femmes veulent protéger. Tous les hommes gardent leur mère dans un coin de la tête, c'est émouvant, chacun s'y retrouve, mais l'important, par-dessus tout, c'est l'universalité des chansons. Et ça, ça a donné un sens à ma vie, ça m’a permis d’exister.
Dans le texte de La vie Théodore, vous répétez souvent le mot “ennui”. Une de vos chansons s'appelait d'ailleurs L’ennui. Quel rapport entretenez-vous avec ce “monstre délicat”, comme l'appelait Baudelaire ? À part faire des chansons et la nature, rien ne me passionne dans la vie. Tout me laisse inerte. Même le sport et la politique !
Le succès a-t-il effacé chez vous cet égocentrisme douloureux qui vous rongeait, cette fatigue de tout, cet aquoibonisme désabusé de vos débuts et qui énervaient certains ? Oui car j’ai pris de l’assurance. Je me sentais mieux car j’étais aimé. Mais, j'ai toujours peur qu'on me renvoie chaque nouveau disque à la figure. Pour l'instant, j'ai été gâté. Autrefois, on faisait des disques qui marchaient très fort et qui passaient beaucoup à la radio. Et puis, on allait faire des concerts, et, parfois, il n'y avait personne. Maintenant, c'est le contraire. Les radios sont tellement submergées qu'on peut très peu y passer. En revanche, il y a du monde aux spectacles. Comme dans les années 50, on revient à la fonction première du chanteur : il chante et, éventuellement, on achète son disque pour se souvenir.
Un succès qui a fait que vous avez mûri, pris de l’assurance et la mesure de votre époque et où s’est amorcé dans votre œuvre une vraie critique sociale qui fait que vous êtes devenu un chanteur sociétal, sociologue. D’ailleurs, à ce propos, c’est, je crois, Brassens qui vous avait affirmé : “Un jour, tu feras des chansons sur le monde, sur les autres”... Georges Brassens voyait clair. Il avait tellement raison. Pourtant, je trouve prétentieux de parler de religion, par exemple, comme lorsque je l’ai fait avec la chanson
Et si en plus y’avait personne ? et, en même temps, je sais que c'est ce qu'on attend de moi, un point de vue, étant donné mon âge, et les thèmes que j'ai déjà traités. Même si ça ne reste que des chansons...
J’essaye d’être digne de ce qui m’arrive et qui est très injuste. Il n’y a pas de mesure entre le travail que je fournis et la récompense énorme que je reçois du public.
Vous ne contestez pas dans vos chansons, mais vous constatez contrairement à d’autres chanteurs qui exaltent les révolutions… Je fais des chroniques. Je constate en spectateur du monde. Je ne suis pas du genre à hurler. Je n’ai pas une âme de militant. Mes chansons, je les écris en regardant ce qui se passe autour de moi. Mais, j’ai toujours aimé les râleurs et les gueulards. C’est Dylan, Ferré, Brassens qui m’ont éveillé à la chanson. Sans eux, je ne crois pas que la vie m’aurait plu...
Beaucoup de jeunes chanteurs de la nouvelle génération se réclament de vous. Vous considérez-vous comme le père de la nouvelle scène française? C'est émouvant. Il y a une fraternité, ni feinte, ni artificielle des auteurs compositeurs entre eux : Chedid, Jonasz, Goldman, Cabrel, Sanson et Michel Berger, ... Et tous ces jeunes qui déboulent : Delerm, Bénabar... Je suis touché par la délicatesse de tous mes “frères” chanteurs.
Quel regard portez-vous sur votre parcours ? Je suis content car je suis toujours là et j’ai l’impression que les gens m’aiment bien. Je n’aurais pas cru durer si longtemps. Même si la vie était décevante au départ, elle ne m’a apporté que des gentillesses, des caresses. J’ai été gâté et pourtant la vie est dure, féroce.
La vie de vos semblables est quelque chose qui vous tient à cœur… Oui, regardez la vie de tous ces gens qui se lèvent à 6h30 du matin, portent leurs enfants à l’école, courent travailler dans les transports en commun et rentrent tard le soir en banlieue. C’est dur toute une vie de labeur comme cela. Ce ne doit pas être ça la vie. J’ai vraiment beaucoup de chance. Je suis un grand privilégié car la musique, mon métier, unit et relit les gens. Avec les musiciens, on s’aime bien.
Comme Brel, vous avez “mal aux autres”, ou Nietzsche qui disait que l’homme supérieur, c’est, celui qui “souffre de l’homme” et non de ses propres maux... Je déplore que Brel ait pu le dire. Cela ne se dit pas. J’ai une sensibilité, je n’aime pas l’injustice. La vie, ça devrait être le plaisir, l’amour. J’essaie d’être juste digne et honnête dans ce que je fais.
C’est malheureusement un peu utopiste... À 65 ans, vous restez un éternel ado avec ses comptines sentimentalo-romantiques, ses petites madeleines mélancoliques... Mais la séduction, l’amour, il n'y a que ça de vrai. C'est le sel de la vie. Mes chansons, c'est un peu du baratin. C'est une façon de caresser le monde, les gens, les filles. Charmer, c'est essentiel. Un chanteur charme les gens. J'aime ça. On est obligé, quand on est chanteur, de rester dans l’adolescence, dans la naïveté, d’être idéaliste. Moi, je suis plus intéressé par l’aventure de la vie que par le matérialisme. C’est en ce sens que je suis un ado.
Vous allez remonter sur scène dans quelques jours au Casino de Paris puis vous entamerez une tournée pour finir au Zénith de Paris. Partout, c’est à guichet fermé. Cela doit vous rassurer… Ce lien affectif avec les gens me touche, ça me fait plaisir, c’est comme un fil. J’essaie d’être digne de ce qui m’arrive et qui est très injuste. Il n’y a pas de mesure entre le travail que je fournis et la récompense énorme que je reçois du public.
Vous avez souvent dit que vous arrêteriez de bonne heure la scène. Vous êtes toujours là… C’est vrai. Je tiens le choc. Je le ferai quand j’aurai l’impression de mal faire mon métier. Ce métier me rend léger, me donne 16 ans. Malheureusement, on ne peut pas rester léger toute sa vie...
Quelle va être la couleur de votre spectacle ? Vert pâle. Comme cet engouement pour l’écologie qui me plaît bien.
Enfin, à quand votre projet de disque avec Laurent Voulzy ? Après ma tournée, on se remet au travail. Mais, c’est dur. Je bloque. J’ai du mal à écrire pour deux.